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L'avènement de "l'occidentalisation": la destruction des cultures.


Bali. Vous êtes devant un temple dont l'architecture n'a rien à voir avec ce que vous pouvez trouver en occident. Vous avez l'impression de contempler un exemple d'une culture totalement différente de ce que vous connaissez, le mode de vie, les moeurs, la religion...Vous devenez conscient de la richesse qu'apporte la diversité culturelle humaine, les infinies possibilités et les innombrables conceptions du monde qui existent. Puis vous baissez vos yeux et vous trouvez une canette de Coca-Cola à vos pieds, puis des poubelles par centaines regorgeant d'autres canettes, d'emballages de Kinder, de Pringles... Vous vous rendez compte que le "village coupé du monde moderne" que vous venez de visiter ferme son activité à 19h et que les gens qui font semblant d'y vivre de manière traditionnelle laissent tomber la cuisson du cochon sauvage pour retourner regarder un film sur leur petite télé. Vous venez de comprendre que vous n'êtes pas un homme occidentale découvrant une culture vivante riche et différente de la vôtre mais que vous êtes un touriste à qui on sert un spectacle qui est régi par la désormais mondialisée loi du capital.

La culture sert pour ces pays de musée, elle ne vit plus vraiment, les habitants, lorsqu'ils ont fini de jouer leur rôle derrière la vitrine, retrouvent un mode de vie occidentalisé voire occidental. Triste oui mais bien réelle, cette conséquence tragique découle de l'uniformisation économico-culturelle du monde moderne. Nous nous mettons tous à vivre de la même manière.

L'occidentalisation du monde est une catastrophe que ce soit pour les pays éloignés ou pour l'Occident lui même car ce dernier est la première victime de l'homogénisation culturelle.

Tout d'abord la "culture occidentale" n'existe pas pour un homme vivant en Occident, seulement pour quelqu'un vivant ailleurs. D'un point de vue interne (géographiquement occidental) il y a des Français qui de par le fond historique et culturel (traditions, moeurs, institutions...) qui les entoure vivent, pensent, conceptualisent différemment des Anglais ou des Allemands. Songeons un instant que le simple fait d'avoir une langue maternelle différente implique que nous considérions le monde différement. Ce que nous appelons "culture occidentale" n'en est pas une, il serait plus juste de le définir comme le socle commun à différentes cultures. Socle élaboré logiquement par des sociétés différentes mais géographiquement proches qui a permis leur relative cohésion (par exemple, même si le christianisme à déchiré l'Europe au 16e, il a abouti aujourd'hui à créer un espace ou de nombreuses valeurs morales sont comprises et partagées par de multiples sociétés différentes). Ainsi ce socle ne doit pas être compris comme une culture à part entière mais plutôt comme la base commune sur laquelle se sont construites toutes les cultures occidentales et leurs différences. Tout comme le moyen-orient ou l'Asie (toute proportion gardée), l'Occident constitue un ensemble hétérogène de sociétés qui comportent des différences réélles et qui reposent sur un socle commun.

Biensur, en tant qu'habitant d'une région partageant le même socle culturel, les différences ne s'exprimeront qu'au niveau de la culture des différentes sociétés (par exemple, le monde anglo-saxon ne sépare pas la religion et l'Etat comme la France ("in god we trust", jurer sur la Bible...)) tout en conservant le même socle cultuel commun (christianisme...). Alors que si un français rencontre un Algérien ou un Japonnais, avant de se faire au niveau de la culture du pays d'origine, la différence se fera au niveau du socle culturel qui ne sera pas le même. La différence, avant de se faire sentir entre le Japonnais et le Français se fera sentir entre l'homme occidental (défini par un socle culturel occidental) et l'homme asiatique (défini par un socle culturel asiatique). Ce n'est qu'à cette échelle que le concept d'homme occidental, donc de culture occidentale, existe et il est important de comprendre que malgré son existence, cette identité est incomplète.

Mais quand nous parlons d'occidentalisation du monde de quoi parlons-nous vraiment? En Occidentalisant Bali avons-nous exporté là-bas la religion chrétienne? Non, nous y avons exporté la nouvelle et désormais dominante caractéristique économico-culturelle de notre monde occidental: le capitalisme. Pas de floraison d'églises ou de prêtres à Bali! Seulement des télévisons, sur lesquelles passent des pubs pour des firmes transnationales, des voitures à essences pour aller travailler au service marketing de la nouvelle agence qui vient de s'installer à la place d'une vieille rizière dont la valeur étant désormais définie par son rendement ridicule a fini par être rachetée.

Pauvre culture que celle de Bali direz-vous? Pauvres cultures que les nôtres devrions-nous aussi dire. Ce qui se passe à Bali nous arrive aussi. Nos caractéristiques culturelles s'effacent tout autant ici que là-bas! Nos campagnes laissent place aux paysages verticaux des villes d'affaires et des cités HLM, nos artisans aux grandes chaînes industrielles, nos paysans à la grande distribution, nos petits propriétaires de vignes centenaires à des milliardaires pour qui vin signifie dollar...

Ce que nous appelons "Occidentalisation" est un processus qui se résume par l'imposition d'un modèle économique (et donc culturel) à toutes les cultures possibles, y compris les nôtres. Il ne signifie pas l'imposition du socle culturel occidental à toutes les autres cultures mais simplement la dévastation et l'uniformisation culturelle par un système économique dont nous faisons nous-mêmes les frais. Nous exportons

nous-mêmes le virus qui nous détruit. Par l'idéologie libérale, nous faisons de la jouissance personnelle le but de la participation économique à la société civile. Nous réduisons la liberté au désir et le désir à l'acte d'achat. Ce modèle nous l'acceptons sans comprendre toutes ses conséquences néfastes pour notre culture et nous le promouvons. Par cette idéologie du désir, ce modèle séduit et se propage. Le profit écrase les morales et devient la seule et unique loi, l'impératif de production met au travail tous les hommes partout sur la planète, tous travaillent pour les mêmes grandes firmes qui leur vendent les mêmes produits, les mêmes rêves, les mêmes conceptions du monde. Et voilà qu'à Bali, qui n'a presque jamais eu aucun lien avec la France, on s'habille, mange, regarde, pense les mêmes choses parcequ'on achète les mêmes choses qu'ici.

Il ne s'agit pas ici de simplifier la réfléxion et de faire de l'économie le seul et toujours direct responsable de la destruction des cultures mais de d'introduire sommairement son importance majeure dans ce phénomène. Nous ouvrons avec cette réflexion une série d'articles qui tenteront de mettre en lumière la destruction des cultures.


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